LA MOSAIQUE DU BAPTEME
dimanche 10 janvier 2021 - Mot du curé
La belle mosaïque au-dessus de l’autel de l’église St-François-de-Sales, représente le baptême du Seigneur par
Jean le Baptiste. Mais en fait, elle superpose différents récits bibliques et porte un regard théologique très riche.
Cette superposition de différents récits bibliques, ces liens qui sont faits entre des récits de l’Ancien Testament et du
Nouveau sont une façon traditionnelle de lire la Bible.
Mieux encore, c’est la Bible elle-même qui pratique cette façon de se relire et de s’interpréter
sans cesse au fur et à mesure que Dieu se révèle.
Par exemple, le récit du baptême du Seigneur évoque un des récits de la création du monde et
de l’humanité : « l’Esprit qui planait sur les eaux », « la parole de Dieu qui se manifeste et
dit ce qu’elle fait »… Nous pourrions aussi faire allusion à la fin du déluge et la
manifestation de la colombe…
Comment ne pas évoquer aussi la façon dont Dieu sauve son Peuple et lui fait traverser la mer Rouge à pieds secs et
engloutit l’armée de Pharaon ; ou encore la traversée du Jourdain pour entrer dans la terre promise… Plus finement
encore, lorsque la voix de Dieu dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, Il est toute ma joie », l’auteur biblique nous
conduit à faire un lien étroit entre Jésus et « le Serviteur souffrant » dont parle le prophète Isaïe (chapitres 42 – 52).
À partir de ces liens, de ces superpositions, nous comprenons que cet « Homme Jésus » est bien le Messie,
le Fils de Dieu qui vient « recréer l’univers ». Il vient nous faire entrer dans « le Royaume de Dieu », la vraie terre
promise. Il le fera par l’offrande de sa vie, pour la réconciliation de l’Humanité avec Dieu et à travers cette
réconciliation, une transfiguration de tout l’univers. L’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu sera répandu sur tous les hommes,
afin qu’ils puissent partager la plénitude de vie et la gloire du Fils unique de Dieu. La puissance du mal et celle de la
mort seront englouties définitivement.
Nous comprenons aussi que ce don est pour former un Peuple, et pas seulement des individus isolés !
Un peuple faisant la joie de Dieu, un peuple comblé de la bonté de Dieu et « ardent à faire le bien ».
Ce qui est étonnant dans la fresque de notre église, c’est la présence de ces
quatre animaux et du feu qui les entoure. Quatre animaux présents dans les visions
des prophètes (Ézéchiel 1) de l’Ancien testament et dans le livre de l’Apocalypse (Ch.4).
Ils sont autour du trône de Dieu et de l’Agneau… Dans les mêmes visions, on évoque
« comme un fils d’homme » (le Christ ?) Ils participent à l’adoration de Dieu et de
l’Agneau… Ils ont six ailes, des yeux partout, et quatre faces (de taureau, de lion,
d’homme et d’aigle). Les premiers chrétiens identifieront chacun à un évangéliste ; par
la grâce de l’Esprit Saint, ils nous transmettent la parole de Dieu qui nous fait connaître
le mystère de Dieu et nous permet d’en être vivifiés. Le feu évoque le mystère
insaisissable de Dieu, le buisson ardent, les manifestations de Dieu au Sinaï lors de
la première Alliance… Et cette promesse d’un baptême « dans l’eau et le feu, dans
l’Esprit Saint et le feu »… Comment ne pas y voir déjà quelque chose du mystère de la
Pentecôte. Oui, chaque récit du nouveau Testament nous relie à toute la révélation
biblique et nous donne à entrevoir la plénitude du Royaume de Dieu en Paradis…
Guillaume Villatte, prêtre
Curé de la paroisse du Plessis-Bouchard et de Franconville gare