À travers diverses rencontres et entretiens on entend un mal être, une fatigue, et quelque chose d’une colère qui pourrait monter. Que se passe-t-il ? Cet éditorial n’est pas le lieu d’une analyse politique et/ou sociale. Ce n’est pas non plus mon domaine de compétence. Ceci étant dit, il est possible de réfléchir et de se poser des questions. C’est même urgent si nous voulons cultiver l’Espérance et sortir du marasme où nous met le matraquage médiatique.
Ce que j’entends c’est une difficulté à vivre bien. Que ce soit au travail où les conditions de travail mettent un grand nombre d’entre nous en tension (pression et urgence, fragmentation des tâches, perte de sens et de qualité relationnelle, complexification des procédures…). Que ce soit en famille avec la fragilisation des liens au sein des couples et la difficulté d’éduquer les enfants (les réseaux sociaux avec leurs modèles de vie ayant une influence non maîtrisable). Ou encore cette façon de vivre très individualiste qui consiste surtout à consommer des biens matériels, des loisirs… mais souvent sans effet bénéfique pour nous détendre, nous délasser et améliorer la qualité de nos relations. Avec tout cela il nous est dicté d’avoir à déterminer notre genre, de prendre position sur le wokisme, l’intelligence artificielle…
Nous n’arrivons pas à faire des choix sur notre qualité de vie et de relation, car nous voulons continuer à consommer et à satisfaire toutes nos envies et nos besoins. Mais en même temps nous allons de plus en plus mal ! À un moment il faudra bien se poser, réfléchir et faire des choix. C’est pour cela que Dieu a donné à son peuple le commandement « de sanctifier le jour du Seigneur ». C’est une façon d’imposer une limite à notre hubris afin que nous n’en devenions pas les esclaves ! Vendredi au cours d’une rencontre avec des parents préparant le baptême de leur enfant, j’évoquais cela dans un contexte différent, terminais en citant ce que disent ceux et celles qui passent occasionnellement à la messe : « Cela nous fait du bien », « J’y trouve la paix »… Je terminais en disant, mais alors pourquoi ne reviennent-ils pas plus souvent ? J’ai alors vu un des couples échanger un regard et quelques mots entre eux : cela rejoignait leur expérience… Sans doute faut-il attendre que cela aille encore moins bien pour que nous arrivions à changer nos modes de vie et pour que nous retrouvions une fidélité plus grande « à
la sanctification du dimanche ».
C’est un enjeu culturel important. Bonne semaine et belle préparation à la Semaine sainte. Paix à vous.
Guillaume Villatte, prêtre