Il est évident que « mon corps m’appartient ». Il est évident que « je suis libre de faire ce que je veux de mon corps ». Évident, vous croyez ? Peut-être n’est-ce pas si simple ?
L’expérience de la foi chrétienne, le mystère de l’incarnation du Fils éternel du Père dans un corps d’homme… peuvent nous aider à vivre mieux la relation avec notre corps. La liturgie de l’Église avec ses gestes, ses rites, ses fêtes et temps particuliers façonnent nos corps et nos coeurs. De la même manière que des parents et une vie de famille façonnent nos corps et nos comportements…
Dans une culture de l’écran, du virtuel, dans une culture où l’intelligence a pris une très grande place, nos corps sont délaissés. Ils souffrent et perdent pied avec le réel. Ils sont contraints à un rythme, à une façon d’être qui ne leur conviennent pas… Ils réclament des compensations, de plus en plus « de petits plaisirs », « d’émotions fortes », « de consommation »… Mais cela n’apaise que sur le moment et, au mieux, un petit bout de temps et il faut recommencer.
Ce que l’Esprit du Christ transmet à l’Église à travers les rites liturgiques et les façons d’être, de vivre qu’ils induisent… c’est une façon d’habiter son corps en le situant dans un espace et un temps donné. C’est une façon de connecter notre intelligence, notre mémoire, notre capacité d’aimer et de choisir ce que l’on aime avec notre corps. Il s’agit de nous laisser unifier avec et par notre corps.
Dans un couple stable entre un homme et une femme, les gestes du corps au quotidien sont l’expression d’un don, d’un accueil qui unifient et épanouissent. L’expression sexuelle de ce don est un des sommets de l’humanité. Notre corps est fait pour exprimer et réaliser le don de nous-mêmes. C’est alors seulement que nous devenons vraiment ce que nous sommes !
Le Carême nous prépare à mieux accueillir le don que le Christ nous fait, le don de son corps livré et ressuscité. LA GRÂCE DU CARÊME nous conduit à prendre soin de notre corps. Il sera plus libre de ses pulsions égoïstes pour se laisser aimer et aimer en retour. Cette expérience, liée au mystère de Pâques, à la relation nouvelle avec le
Ressuscité, a transformé les liens entre les disciples : c’est la vie en Église. C’EST POUR CELA QUE LE CHRIST JEÛNE AU
COMMENCEMENT DE SA VIE PUBLIQUE… C’EST POUR CELA QU’IL NOUS INVITE À PRATIQUER CE JEÛNE TOUT AU LONG DES QUARANTE JOURS DU CARÊME. Alors, vivement le Carême !
Guillaume Villatte, prêtre
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