Un ami prêtre aime à dire que lorsque l’on montre du doigt quelqu’un, les autres doigts sont tournés vers nous et nous accusent…
C’est vrai que le geste n’est pas très beau, il est parfois pratique mais, désignant une personne, il porte en lui
quelque chose d’accusateur.
Celui qui pointe du doigt quelqu’un se met consciemment ou non dans une position supérieure par rapport à la
personne qu’il désigne…
Saint François d’Assise, le saint patron de Saint-François-de-Sales, s’est aperçu de cela dans son chemin de conversion. Il s’est méfié de cette attitude de jugement et de condamnation des autres.
Il aurait pu, à bon droit, le faire contre le clergé et les religieux de son temps. Ils recherchaient la richesse et le pouvoir, leur moralité laissait vraiment à désirer. D’autres, à son époque, qui aspiraient à une réforme de l’Église se sont mis en opposition, pointant du doigt et accusant… Ils ont pour la plupart été à l’origine de groupes religieux qui ont quitté l’Église et ont dévié en bien des domaines. Nous pourrions nommer les Cathares, les Iluminatis… St François d’Assise a su rester clairvoyant sur les déviances des hommes d’Église, tout en gardant un regard de foi sur leur vocation, et pour les prêtres, sur le fait que Jésus passait par eux pour rejoindre les fidèles. « C’est de leur main que je reçois le Corps du Christ ». Cela demande une foi profonde ! Cela demande aussi d’avoir conscience que chacun de nous est un « pauvre » marqué par bien des bizarreries, des limites, des aveuglements et bien faible devant la tentation… C’est cette conscience d’être « des pauvres pécheurs » qui permet d’éviter de juger, de condamner, de coller une étiquette… d’éviter l’esprit des pharisiens. Comment participer au renouveau de notre Église, de nos communautés paroissiales, sans d’abord s’engager plus avant sur ce chemin ? Ce chemin a fait de François « le frère universel » jusqu’à aujourd’hui…
Animé de cet esprit, saint François de Sales a su être bienveillant et amical avec les protestants et avec certains d’entre eux qui n’étaient pas amicaux. Il a su regarder plus profondément ce qui les animait. Il a su mettre de côté ses peurs et ses blessures d’amour propre. Il a su faire confiance en la grâce de Dieu offerte par le Christ Jésus. N’est-ce pas cet esprit que nous sommes appelés à développer lorsque nous parlons politique, religion, identité, immigration, vaccination et… N’entrons pas dans le jeu des médias et des hommes politiques. Gardons avant tout l’Esprit du Christ :
« Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ; il accueille, quelle que soit la nation, celui qui l’adore et dont les oeuvres sont justes ». (Actes 10, 34-35).
Guillaume Villatte, prêtre