« La comédienne Juliette Binoche et le jésuite Gaël Giraud font partie de ceux qui ont été reçus, jeudi 3 septembre, par le pape François. Au programme du groupe formé par ces personnalités françaises, croyantes ou non, toutes engagées dans le domaine environnemental et emmenées par le président de la Conférence des Évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort : une discussion d’une heure avec le pape sur l’écologie, cinq ans après la publication de l’encyclique Laudato si’.
À la sortie de cet échange jugé particulièrement profond par les participants, plusieurs d’entre eux, même a priori éloignés de l’Église, se disent « touchés par le message du pape », comme Pablo Servigne, chercheur et l’un des théoriciens de la notion d’effondrement. « J’étais fâché avec l’institution catholique jusqu’à la publication de Laudato si’. Le pape s’est vraiment rendu compte que l’on est au bord du précipice, que c’est une question de vie ou de mort », insiste-t-il. Tout comme la juriste Valérie Cabanes, qui a plaidé auprès du pape François pour qu’il fasse pression sur les chefs d’État du monde entier pour faire reconnaître le crime d’écocide. Ou encore Juliette Binoche, l’égérie du cinéma d’auteur, pour qui Laudato si’ a aussi été, a-t-elle dit, « une révélation ». « Rencontrer le pape c’est une drôle d’histoire, s’étonne-t-elle, manifestement frappée par la force de l’échange. On s’imagine beaucoup de choses, mais quand on le rencontre, il devient un être humain qui essaie de faire ce qu’il peut ».
François a privilégié avec eux un échange libre. « Une partie de la transition écologique, c’est de ne pas perdre de temps, leur a-t-il lancé. Le texte officiel, vous l’avez. Maintenant, je préfère échanger librement avec vous ». Devant le groupe français, le pape a évoqué l’épisode de sa « conversion écologique », dans les années 2010, au cours d’une rencontre avec des Indiens d’Amazonie. Aussi a-t-il fait longuement l’éloge de la sagesse des peuples autochtones, porteurs d’une sagesse particulière. Insistant en particulier sur l’alliance, à ses yeux nécessaire, entre « la tête qui pense, les mains qui agissent et le cœur qui éprouve ».
Le pape François met l’accent sur l’importance de la conversion écologique, « seule capable de répondre aux défis importants qui se présentent à tous », et notamment « l’inquiétante dégradation » de la planète ».
La Croix, le 3/09/2021