Comment évoquer en quelques mots ces trente années de ministère presbytéral ? Sous la forme d’une confession de louange et de reconnaissance envers Dieu et son Église.
Ce que je suis de meilleur, je le dois à l’Église qui ne cesse de
me transmettre la grâce de l’Esprit Saint ! Par les sept sacrements de la foi, le témoignage des saints et du peuple des baptisés.
Ce qui me vient en premier c’est la grande fidélité et la grande patience de Dieu non seulement à mon égard, mais aussi vis-à-vis de son Église, de son Peuple. Après l’horreur de la seconde guerre mondiale, après l’espérance de la reconstruction et celle offerte par le Concile Vatican II, nous avons vu nos églises se vider, les baptisés – prêtres, laïcs, religieux – s’opposer à travers des postures idéologiques plus empruntes de politique que d’évangile. J’ai cru à un moment, qu’en France, l’Église allait imploser.
Le Seigneur m’a permis de sortir de ces postures en me nourrissant davantage de la Sainte Écriture qui est dans la Bible. Il m’a fait goûter sa tendresse et en même temps l’amertume de mes fragilités, de la méchanceté de certains au sein de l’Église, et de mon péché. Avec tristesse, j’ai connu plusieurs prêtres qui ont quitté le ministère, d’autres qui ont commis des crimes de moeurs…
Ce cheminement vers un coeur plus humble, plus pauvre et plus ouvert à la grâce qu’aux grandes idées, fut aussi celui de chaque communauté chrétienne en France. Nous réapprenons ensemble ce que veut dire reconnaître Dieu comme un Père en Jésus-Christ. Il ne s’agit pas tant « de vouloir et de faire » que d’accueillir la grâce de l’Esprit Saint, dans un coeur humble et audacieux. Cette grâce rend capable d’accomplir les oeuvres de Dieu !
« Tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie. Que mon coeur ne se taise pas, qu’il soit en fête pour toi, et que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce ! ». Ces paroles du psalmiste
(psaume 29) éclairent le chemin que le Seigneur ne cesse de me faire parcourir pour la gloire de son Nom et le salut de son Peuple saint. Elles me furent données à l’occasion de la première messe dominicale que j’ai célébrée le 30 juin 1991.
Comment ne pas être étonné, émerveillé devant Dieu et ce qu’Il accomplit dans son Église, dans notre communauté chrétienne ? C’est une véritable oeuvre « de (re)construction », « de renouveau ». Il creuse en nous un désir de fraternité ouvert au don de son Esprit Saint.
Ma joie de prêtre, c’est celle d’un Peuple qui se réjouit d’être aimé, sauvé !
La joie d’un peuple qui se laisse rassembler, réconcilier et unir au Christ
pour, avec lui,« rendre grâce à Dieu ». Nos vies deviennent « une vivante
offrande à la louange de son Nom ». Oui, avec vous et pour vous, l’Esprit du
Seigneur conduit à dire du fond du coeur « PÈRE QUE TON NOM SOIT
SANCTIFIÉ ». La mission peut (re)commencer enfin ! Nous réapprenons à
témoigner !
Guillaume Villatte, Prêtre