De plus en plus apparaît la nécessité que nous redécouvrions la vertu de force – force morale,
force spirituelle. Devant les difficultés de nos vies, leur morcellement ; devant la montée des violences autour de nous et en nous, comment faire face sans avoir de force ?
Les Anciens révéraient la force, fortitudo, car elle va de pair avec la prudence. Tanquerey, dans son Précis de théologie ascétique et mystique, la définit comme la vertu « qui affermit l’âme dans la poursuite du bien difficile, sans se laisser ébranler par la peur, pas même par la crainte de la mort »… Pour aller jusque-là, il faut plus que la vertu de force, il faut recevoir le don de force du Saint-Esprit, ce don particulier qui permet aux apôtres, à partir de la Pentecôte, de ne plus craindre les juifs — les prêtres, les scribes et les pharisiens — et de proclamer avec témérité la vérité de l’Évangile…
Pour être totalement libéré de toute crainte, naturelle et surnaturelle, il est nécessaire que le don de force soit l’assise de la vertu de force, ou bien qu’il la couronne.
Jean de Saint-Thomas souligne, dans son traité sur Les Dons du Saint-Esprit : « La force est une certaine fermeté d’âme pour affronter ou supporter des maux graves. Or les forces humaines sont très limitées et fragiles, surtout pour persévérer dans la lutte et pour surmonter la multitude des périls qui se présentent en cette vie et, spécialement, pour parvenir à la fin éternelle qui suppose que l’on a échappé à tous les périls et triomphé de tous les maux. Pour tout cela, la vertu commune de force ne peut suffire […]. Mais le don de force est tellement revêtu de la vertu d’en haut qu’il rend sienne pour ainsi dire la puissance de Dieu et, repoussant toute infirmité naturelle, opère par la seule vertu de la Divinité » (ch. VI, 30). La vertu de force
Nous avons deux exemples récents qui ont marqué l’ensemble de notre pays. Deux exemples de chrétiens ayant réagi avec la vertu de force et avec la force venant « d’En-Haut » :
Désirons être « revêtus de la force d’En-Haut » que le Christ ne
cesse de vouloir nous offrir depuis le jour de la Pentecôte. Nous serons
alors ses témoins, comme Arnaud Beltrame et Henri d’Anselme, auprès de
nos contemporains. Belle préparation à la solennité de la Pentecôte !
Guillaume Villatte, prêtre