Relisant le récit des plaies d’Égypte dans le livre de l’Exode (chap.6) plusieurs réflexions me sont venues. Comment ne pas faire de liens entre les violences faites aux hommes et les dérèglements climatiques, la chute libre de la biodiversité ? Au centre du récit, il est question de la liberté des Hébreux pour aller adorer Dieu.
À travers toutes ces épreuves, à travers la cupidité de Pharaon et des Égyptiens, Dieu prépare son peuple à une Alliance. Il prépare son peuple à vivre en sa présence et à se laisser guider par lui, le Seigneur.
Pharaon est la figure de l’esprit mauvais qui rend esclave l’humanité et la soumet à son joug, à des modes de vie inhumains. Aujourd’hui, l’hyper-individualisme et les rythmes de vie ne permettent pas de se poser pour des relations de qualité. Nous sommes pris dans une frénésie de consommation, on peut dire aussi de consommation de loisirs qui aboutit, elle aussi, à du vide… Dans ces excès, l’esprit mauvais est à l’oeuvre.
Devant les dérèglements du monde : la grande pauvreté qui augmente, la planète qui souffre grandement, la montée des violences et des exclusions… nous sommes comme Pharaon et les Égyptiens : nous ne voulons pas voir, comprendre, changer de mode de vie et surtout nous tourner vers Dieu davantage…
Si l’on comprend bien la Sainte Écriture, ce n’est pas Dieu qui endurcit le coeur de Pharaon et des Égyptiens. Ce n’est pas lui qui envoie les fléaux. Ce sont les conséquences des agissements des hommes qui font se lever les fléaux. C’est l’esprit mauvais qui endurcit le coeur des hommes. Dieu sait cela et s’en sert pour manifester sa sainteté, libérer son peuple et faire alliance avec lui. Il va le conduire vers la terre promise. Devant l’action de l’esprit mauvais qui conduit aujourd’hui notre humanité vers des impasses – si Dieu laisse faire pour un moment – c’est qu’il prépare pour l’humanité une grâce de conversion et la possibilité d’un renouveau.
Entrons dans cette espérance en vivant le temps du carême et laissons-nous conduire généreusement sur des chemins nouveaux dans nos façons de vivre avec Dieu, nos proches et la nature.
Guillaume Villatte, prêtre