Depuis la mi-octobre, trois films sont ou seront à l’affiche, chacun donnant une facette d’un engagement chrétien dans la prêtrise, dans des contextes historiques très différents.
Le célèbre abbé fait de nouveau l’objet d’un film, après « Hiver 54 » de Denis Amar, avec Lambert Wilson. Cette fois, c’est Benjamin Lavernhe (de la Comédie Française) qui endosse la pèlerine et le béret. L’évocation commence au renoncement de l’abbé à intégrer un monastère avant que la guerre ne le conduise à des engagements plus graves aux côtés des juifs persécutés et des résistants. C’est alors qu’il fait la connaissance de Lucie Coutaz qui sera, jusqu’à sa mort, l’infatigable collaboratrice de l’abbé Pierre. Le film a le mérite de mettre en lumière cette figure d’héroïne. Il retrace aussi toutes les années de combat contre le mal-logement, bien avant 1954 et jusqu’aux années 2000, avec la fondation des Chiffonniers d’Emmaüs, le célèbre appel, le développement international du mouvement et le perpétuel besoin de défendre le droit au logement. Non seulement le récit rendu est pédagogique mais il restitue le caractère de l’abbé Pierre avec sa véhémence, ses emportements et son courage. Mais, même pour un film grand public, la dimension spirituelle du prêtre n’est pas oubliée, notamment lors des nuits de prière dans le désert qui étaient pour lui des oasis ressourçantes.
« L’abbé Pierre, une vie de combats » que j’ai découvert et apprécié à Cannes, est programmé au cinéma de Franconville dès le 8 novembre.
Encore un film que j’ai vu à Cannes et j’ai été édifié par une histoire méconnue qui remet en situation la longue tradition antisémite du Vatican. En 1858, Edgardo Mortara, jeune garçon juif de Bologne, est enlevé de sa maison familiale par des soldats du pape. Ayant été baptisé en secret par sa nourrice, il doit recevoir une éducation catholique et rien ne fera changer d’avis l’inflexible Pie IX. Le film retrace les circonstances et les conséquences de cet enlèvement qui a fait alors la une des journaux et mobilisé les défenseurs des droits de l’homme et les antipapistes. Mais comment peut évoluer un enfant, puis un jeune homme, coupé de ses racines et de sa religion d’origine. Avec beaucoup de maîtrise, le maître cinéaste italien décrit le long combat des parents d’Edgardo pour retrouver leur fils et contrecarrer la démarche progressive de celui-ci vers la prêtrise. Mais quel chrétien pourra- t-il être ? Comment le pape vivra l’arrivée des républicains à Rome ?
Le film est de bout en bout palpitant et ne cherche pas à cultiver un regard actuel sur les abus spirituels.
« L’enlèvement » est sur les écrans à Saint-Gratien et à Saint-Ouen l’Aumône.
C’est un documentaire de 90 minutes qui croise les parcours de cinq prêtres différents. Il retrace l’itinéraire de chacun : leur choix de devenir prêtre et les sacrifices qu’implique cette décision, leur quotidien apostolique et leur mission dans le monde. En France ou à l’autre bout de la Terre, en soutane ou en simple col romain, grand débutant ou vieux loup aguerri : le spectateur est plongé dans la vie de chacun, dans leurs joies et dans leurs doutes ; en somme, dans leur intimité. Le film, que je n’ai pas encore vu, s’éloigne des clichés sur les prêtres mais sans esquiver les sujets gênants et sans prosélytisme.
Un documentaire bienvenu pour un grand public curieux et pour des croyants soucieux de protéger leurs prêtres.
« Sacerdoce » est encore visible dans des cinémas de Paris.
Michel ROCHER