Accueillons quelques réflexions du pape François dans son encyclique « Laudato si ». Elles nous permettront d’envisager « la sobriété » comme une attitude évangélique porteuse de vie et d’avenir.
Guillaume Villatte, † prêtre
« Tout à sa quête de pouvoir, d’argent, de maîtrise, l’homme ne veut pas voir les destructions
subies par ses semblables et par la nature. Comme si son règne était sans limites. Il se prend pour Dieu.
L’encyclique du pape François appelle au contraire à accueillir ces limites, non comme un carcan
mortifère, mais comme une invitation à la relation, à une sobriété libératrice et heureuse…
Le pape qui s’adresse à tous les êtres humains, croyants ou non, cherche à identifier les causes de cette irresponsabilité et jusqu’à la racine de ces causes. Il invite finalement à une acceptation de nos limites qui
interrogent et renouvellent notre relation à l’autre, à la nature et, pour les croyants, à Dieu.
La soif d’accumulation trouve à se déverser dans un consumérisme « compulsif ». Le pape en souligne l’illusion : « Les personnes finissent par être submergées, dans une spirale d’achats et de dépenses inutiles ». Mais aussi l’injustice : « Une minorité se croît le droit de consommer dans une proportion qu’il serait impossible de généraliser »…
Une autre limite tient à nos capacités de compréhension. François juge la croyance dans le progrès technique et scientifique semblable à une idolâtrie. Or notre approche technologique « est ordinairement incapable de voir le mystère des multiples relations qui existent entre les choses »…
Le pape dénonce la « joyeuse irresponsabilité » d’une écologie superficielle : « Nous sommes tentés de penser que ce qui est en train de se passer n’est pas certain ». Il explique ce déni par « la distraction constante [qui] nous ôte le courage de nous rendre compte de la réalité d’un monde limité et fini »…
Le temps, enfin, impose ses limites. Or la brièveté de notre passage interroge le sens de nos vies : « Pour quoi passons-nous en ce monde, pour quoi venons-nous à cette vie, pour quoi travaillons-nous et luttons-nous, pour quoi cette terre a-t-elle besoin de nous ? (…) Ce qui est en jeu, c’est notre propre dignité…
L’OUBLI DE TOUTES CES LIMITES EST EN SOI UN ENJEU SPIRITUEL : NOUS NOUS PRENONS POUR DIEU ! … » Court extrait d’un article de la revue Projet (N° 350 de 2016) : « Laudato si : accueillir nos limites ».