Cette expression a attiré mon attention lors d’une lecture spirituelle de la liturgie des Heures. Quelle est cette grâce du Christ à laquelle nous sommes invités à communier ? Toutes nos prières, tous nos désirs n’expriment-ils pas cette quête de communier à la grâce du Christ ? Si le carême offre la grâce de reconnaître la part de nous-même qui résiste à la grâce de Dieu, à son alliance, le temps pascal nous offre d’entrer dans l’expérience du Christ. Il est vrai Dieu et vrai homme !
La grâce du Christ, c’est celle de l’union intime de son humanité avec la personne du Fils, éternel du Père. Dans son humanité, le Christ découvre cette source vivifiante qui le comble et fait grandir en lui le désir de se donner totalement. Il sent ce désir insatiable de répondre à l’amour du Père par toutes ses capacités
humaines. Il sait que là se trouve la plénitude de la vie et du bonheur. Notre soif de vie et de bonheur est au-delà de nos capacités, de nos choix. Elle trouve sa source et son achèvement dans le Christ vrai Dieu et vrai homme.
La grâce du Christ, c’est de communier à l’élan d’amour et de reconnaissance du Fils éternel. Il reçoit de son Père la plénitude de l’Esprit Saint, de l’être profond du Père. Il reçoit tout du Père. Dans cet élan de reconnaissance le Père et le Fils ne font qu’un. Nous portons en nous-même ce désir d’unité : une vie, une personnalité unifiée – une communion dans l’amitié, dans le couple – une communion au sein d’un groupe, d’une nation, d’un peuple… Tous ces désirs trouvent leur origine et leur
achèvement dans le Christ, vrai Dieu et vrai homme.
La grâce du Christ est un don unique. Dieu dans sa grande miséricorde nous donne d’y participer. À nous de l’accueillir par les moyens que Dieu a remis à son Église : la prédication de l’Évangile, le témoignage de la vie des saints et la célébration des sept sacrements de la foi. Les sacrements sont des fontaines qui jaillissent du coeur transpercé du Christ. Vécus dans la foi, les sacrements nous rendent « participants de la vie divine du Christ en son humanité ». Une parole du prophète Isaïe (12,3) s’applique à ce mystère : « Venez puiser avec joie aux sources vives du Sauveur »…
Guillaume Villatte, † prêtre