À partir de cette année, le troisième dimanche de carême devient le dimanche où notre Église est appelée à faire mémoire. Mémoire des abus et des crimes sexuels dans l’Église. En nous mettant à l’écoute des victimes, nous serons touchés au plus profond de notre être. C’est peut-être là, l’essentiel ! C’est peut-être là qu’avec nos évêques nous pourrons « bouger » et « faire bouger » les choses. Cette démarche est importante aussi pour aider à libérer la parole au sein des familles, de l’école, des clubs de sport… C’est tellement sale ! Cela risque de tellement abîmer les relations, que l’on a la tentation de se taire. Seigneur délivre-nous de cette tentation. Seigneur donne-nous la force de parler et d’agir…
Guillaume Villatte, † prêtre
Voici quelques extraits de témoignages de victimes tirés du livre « De victimes à témoins » https://www.ciase.fr/medias/Ciase-Rapport-5-octobre-2021-Annexe-AN32-Recueil-de-temoignages-De-victimes-a-temoins.pdf
« Je vous remercie d’offrir cette possibilité de parole… Je voudrais juste raconter ce que j’ai vécu il y a maintenant trente ans, et qui m’a perturbé durablement dans mon chemin de vie (et me rend toujours la vie compliquée aujourd’hui). J’ai hésité à le raconter, car cela me paraît finalement assez banal et « pas grand-chose ». Je le fais dans un souci de participer à une compréhension de ce phénomène si profondément malsain que sont les abus en tous genres ; le plus dur, c’est la confusion durable dans laquelle cela m’a plongé (apprendre à se repérer entre le bien, le mal, le mensonge ou le semblant et le vrai, la loi, la morale, l’amour, l’engagement, l’obéissance…). Tout cela devient bien complexe. Tout devient très relatif avec un sentiment d’évoluer sur des sables mouvants. »
« Le prêtre me demandait parfois de dormir à l’entrée de la tente, comme cela il pouvait venir me chercher pendant la nuit pour m’emmener dans sa tente pour assouvir ses plaisirs ; j’avais l’impression d’être un gibier que l’on sort de sa tanière. » « Et puis et surtout, il y a le manque de désir, manque du désir vibrant de vie, du désir d’honorer la vie dans toutes ses composantes. Ce désir a été sauvagement réduit au silence par l’état de sidération dans lequel tombe la victime face à son agresseur. Cette sidération est finalement un effondrement du désir. Et c’est sûrement le pire de tout. »