Extrait du journal La Croix en ligne du 8/11/2021 (le titre de cet édito est du père Guillaume Villatte)
Quatre mesures à effet immédiat ont été prises par les évêques lors des votes de l’assemblée lundi 8 novembre. C’est Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, (…) qui a souligné, lors d’une conférence de presse l’après-midi même, « le caractère décisif » de la semaine passée et présenté les décisions prises à une très large majorité.
« Un pas a été franchi devant Dieu et les fidèles, a expliqué Mgr de Moulins-Beaufort. Nous avons reconnu la responsabilité institutionnelle d’un système ecclésiastique perverti qui a rendu possible la commission de ces crimes ». Après la présentation de l’esprit des décisions lors de son discours de clôture, « il restait à nous mettre en route », a souligné le président de la CEF, évoquant « la forte impulsion de nos invités laïcs de vendredi et samedi, pleine d’énergie, de colère, d’exigence… parfois inquiets de nos éventuelles résistances ».
La première décision porte sur la création d’une instance nationale indépendante pour la reconnaissance et réparation, organisant une indemnisation individualisée. Cette structure est confiée par les évêques à Marie Derain de Vaucresson, qui a longtemps travaillé à la Protection judiciaire de la jeunesse et qui fut défenseure des enfants, adjointe au défenseur des droits de 2011 à 2014.
La deuxième décision porte sur le financement du fonds d’indemnisation ouvert en septembre : «… Les évêques ont décidé d’abonder au fonds en se dessaisissant de biens mobiliers et immobiliers dans leurs diocèses sans recourir à l’argent provenant du denier de l’Église ». (…) Enfin, un emprunt sera souscrit pour permettre de financer rapidement les besoins d’indemnisation.
Troisième décision : les évêques ont fait la demande au pape François d’envoyer des visiteurs qui viendraient faire le point dans chaque diocèse pour évaluer la manière dont est organisée la protection des mineurs.
Enfin, quatrième décision, neuf groupes de travail, pilotés par des laïcs, vont être constitués. (…) Au printemps 2023, un événement synodal réunissant les évêques, les religieux et le peuple de Dieu fera le point sur le processus engagé à moyen et long terme.
Mgr de Moulins-Beaufort a insisté enfin sur le lien avec la société civile :
« Nous ne pouvions progresser qu’en acceptant le regard de la société, alors même que nous étions tentés de traiter ces cas en interne »…. Du côté ecclésial, la création du tribunal pénal canonique à compétence nationale permettra de traiter plus rapidement les dossiers, quand il sera mis en place ».