Suite à la remise du rapport de la CIASE sur les abus sexuels dans l’Église, on parle beaucoup d’un changement de gouvernance dans l’Église et pour cela d’un changement de regard sur le ministère des prêtres, des évêques… C’est bien tôt pour savoir ce qu’il faut changer ; lire Luc 14, 31.
On rapporte du grand évêque saint Augustin l’expression suivante : « Si ce que je suis pour vous m’épouvante, ce que je suis avec vous me rassure. Pour vous, en effet, je suis l’évêque ; avec vous, je suis chrétien. Évêque, c’est le titre d’une
charge qu’on assume ; chrétien, c’est le nom de la grâce qu’on reçoit. Titre périlleux, nom salutaire. » (Sermon 340,1) Notre évêque aime dire souvent qu’il désire être pour nous à la fois, évêque, frère et ami.
En m’inspirant de ces paroles et de la richesse de relation qu’elles expriment j’aimerais dire qu’un prêtre, et particulièrement un curé, est pour les habitants de sa paroisse, les membres de la communauté chrétienne : « un père », « un frère » et « un disciple du Christ ».
« Un père » car il a été établi par le sacrement de l’ordre pour manifester le Christ qui est l’icône parfaite du Père. Celui qui engendre la vie nouvelle dans l’Esprit Saint à travers sa mort et sa résurrection. Par l’exercice du ministère sacerdotal et quelle que soit sa faiblesse, tout prêtre manifeste et rend présent le Christ qui sauve et nous ouvre les portes du monde de Dieu, le Royaume de Dieu.
« Un frère » car, lui aussi, il est avant tout baptisé et se situe devant Dieu comme un fils au milieu des autres, uni à Jésus le Fils unique du Père. Ensemble nous faisons l’expérience « du grand amour » de Dieu pour nous. Évêque ou prêtre nous avons besoin d’un autre prêtre pour vivre pleinement cette dimension !
« Un disciple du Christ », c’est-à-dire qui marche derrière le Seigneur, se laisse enseigner. Comme les autres disciples il fait face à ses limites, ses incompréhensions, sa lenteur à croire et au poids de son péché. Sans cesse, il est appelé à une confiance et un amour plus grands. Sans cesse, il invoque le don de l’Esprit Saint pour grandir dans la communion du Seigneur et de son Église.
Nous trouverions dans la vie de saint Paul, à travers ses lettres,de nombreux exemples de ces trois types de relations entre lui, l’apôtre, et les membres des communautés chrétiennes qu’il a fondées. Il nous faut mieux équilibrer ces trois dimensions de la vie et du ministère des prêtres. Cela dépend du caractère de chacun ! Cela dépend aussi du climat d’une communauté chrétienne et de la façon dont chacun de ses membres accepte et cherche à vivre ces trois dimensions dans sa relation avec le curé. Mais cela va aussi demander une transformation dans l’organisation de la vie des communautés chrétiennes et des prêtres… Y sommes-nous prêts ?
Guillaume Villatte, prêtre
Curé de la paroisse du Plessis-Bouchard et de Franconville gare