Posted by on 2 mars 2025

En parcourant les lectures de ce week-end, nous sommes donc en droit d’être déconcertés par ce que nous entendons et nous lisons : la foi est-elle folie ou sagesse ? Faut-il être fou ou sage pour suivre le Christ ? Croire en la résurrection, est-ce folie ou sagesse ? La réponse à cette question est la même que celle que nous pouvons avoir pour ce passage de Luc. Oui, la foi en Christ est folie à vue humaine mais elle est aussi sagesse. Il n’y a pas, dans la foi, la sagesse d’un côté et la folie de l’autre, les deux sont là et à prendre en égale considération.

Suivre le Christ est d’abord affaire de sagesse et de raison humaine : si l’on veut produire un bon fruit, il convient que notre coeur soit bon ; si l’on veut aider l’autre à se convertir, il faut d’abord se convertir soi même; si l’on veut être maître, il faut d’abord se faire disciple. Tout cela est sagesse et raison, une sagesse que l’on retrouve dans toute la Bible. Il s’agit bien de discerner, dans nos vies, le chemin même de la vie.
Toute la Bible nous invite à ne pas juger les autres : le seul juge, c’est Dieu. Mais ne pas juger ne veut pas dire qu’il ne faille pas discerner dans sa vie le bien du mal et emprunter le bon chemin.

Mais la foi appelle aussi à dépasser cette sagesse trop humaine et à aller plus loin dans la folie de Dieu : oui, la mort peut être vaincue ; oui, la Loi peut et doit être dépassée par la foi et l’amour ; oui nous pouvons être plus forts que nos péchés. La croix est folie, l’incarnation est
folie. Dieu ne peut se faire homme, le créateur devenir créature, Dieu ne peut pas mourir, ce sont là des folies théologiques. On ne peut pardonner à nos ennemis, on ne peut les aimer sans se faire avoir et risquer notre vie, pourtant c’est ce que la Croix nous enseigne. Notre foi va à l’encontre de tout discours rationnel et sage sur Dieu, en ce sens, elle nous invite à la folie.

Notre foi doit ainsi trouver un équilibre entre folie et sagesse. Elle doit fonctionner avec deux yeux pour voir le chemin qui mène à Dieu. Elle doit trouver son centre de gravité, comme lorsqu’on apprend à marcher sur ses deux jambes. Le passage de Luc, même si on le lit sur plusieurs dimanches, est donc à relire, en son ensemble pour trouver son équilibre entre une foi sage et rationnelle qui nous relie au monde et une folie qui nous entraîne plus loin que la raison et le raisonnable. Que cette petite réflexion sur le paradoxe de la foi nous aide à bien entrer en carême ! Paix à vous !

Père Augustin, curé de la paroisse.