Notre culture contemporaine est celle où les « beaux parleurs » ont le vent en poupe ! Entendons par là, les « influenceurs » de tous bords qu’on appelle généralement « communicants » : journalistes, spécialistes marketing, hommes politiques, voire prédicateurs. De beaux parleurs qui nous séduisent, en nous assommant un peu parfois, et dont rien, dans leurs discours, ne nourrit notre réflexion personnelle. Plus grave : malgré cela, nous n’hésitons pas à répéter des éléments de leurs déclarations, à reprendre certains de leurs arguments pour défendre une de nos idées ou un parti quelconque.
Pourtant, nous avons tous eu l’occasion d’entendre un jour à la télé, à la radio, à une tribune quelconque ou en chaire, un journaliste, un sociologue, un politique ou un prêtre ayant une connaissance approfondie d’une situation sociale, sociétale ou spirituelle, la partager avec nous. Et généralement, que nous approuvions ou non l’exposé entendu, celui-ci nous a nourris et a pu continuer à nourrir notre propre réflexion. Contrairement au discours d’un « beau parleur ».
À une certaine époque, l’école avait, parmi ses objectifs, d’aider les élèves à réfléchir, à raisonner par eux-mêmes. Cela est-il encore possible ? Il semble que le règne de l’émotion devienne dominant et écrase toute dimension rationnelle. Les modes de communication des médias sont basés sur des
images chocs et des slogans. Or, prenons-nous le temps d’aller au-delà de ces slogans, de vraiment nous informer, de débattre et surtout de chercher des points d’accord, un chemin vers une synthèse ? Et ce, à l’heure où ce qui marche, c’est le langage binaire, la confrontation. Et, si possible, frontale ?
Dans un tel monde, chacun devient « son propre dieu », replié sur ses certitudes et toutes griffes dehors, si on le contredit. Peu sont à la recherche de la vérité. Cela supposerait d’accueillir la part de vérité qui est en l’autre et de reconnaître aussi sa propre part d’erreur et d’aveuglement. Il est vrai que cela demande à chacun un certain recul sur ses émotions afin de laisser son intelligence éclairer les faits et leur donner un sens plus large.
Et si, en cette période électorale, nous cherchions davantage à écouter, à comprendre, à débattre et surtout à chercher ensemble ce qui pourrait nous unir pour faire face aux défis de notre époque ! Plutôt que de cultiver les oppositions et stigmatiser les adversaires…
Ne serions-nous pas alors davantage animés par l’Esprit du Christ ?
Guillaume Villatte, prêtre
Curé de la paroisse du Plessis-Bouchard et de Franconville gare