Alors que François de Sales avait environ vingt ans et demeurait à Paris depuis quelques années pour ses études, il fut confronté à une question qui lui fit traverser une crise profonde. S’il y avait une prédestination, était-il de ceux qui seraient sauvés ou de ceux qui seraient damnés ? La question faisait débat et différents partis se disputaient fort au point de créer des tensions très fortes au sein de l’Église. Il cherche des réponses dans la Sainte Écriture, récite fréquemment des versets de la Bible ; mais son angoisse reste la plus forte. « Il pensa tomber malade, « car plus il se raidissait contre cette tentation de désespoir et tâchait de s’attacher à la miséricorde divine, plus cette imagination de sa damnation entrait avant dans son âme ». La crise paraissait sans issue. Le travail dura plusieurs semaines avec une telle violence qu’il perdit quasi tout le manger et le dormir et devint tout maigre et jaune comme cire. » De cette crise nous pouvons percevoir combien François prenait au sérieux sa vie avec Dieu et la question de la vie éternelle.
« Comment se dénoua cette crise ? Un jour de janvier 1587, revenant seul du collège, il entra, selon son habitude, dans l’église dominicaine de Saint-Etienne-des-Grés (aujourd’hui détruite), où il s’en va « tout droit » à la chapelle de la Vierge Noire. Il fait alors un acte d’abandon héroïque. « … Quoi que vous ayez décidé́, Seigneur, dans l’éternel décret de votre prédestination et de votre réprobation, vous dont les jugements sont un abîme immense (…), je vous aimerai, Seigneur, au moins dans cette vie, s’il ne m’est pas donné de vous aimer en la vie éternelle (…). Si, mes mérites l’exigeant, je dois être maudit parmi les maudits qui ne verront pas votre très doux visage, accordez-moi du moins de n’être pas de ceux qui maudiront votre saint nom. » Alors François prend une tablette, qui était prés des balustres de la chapelle, sur laquelle se trouvait l’oraison : Souvenez-vous, ô très miséricordieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui avaient eu recours à votre protection, imploré votre assistance, réclamé votre secours, ait été abandonné. Animé d’une pareille confiance, ô Vierge des vierges, ô ma Mère, je cours vers vous et, gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds. Ô Mère du Verbe, ne méprisez pas mes prières, mais accueillez-les favorablement et daignez les exaucer. Amen. La tentation s’évanouit, comme l’a écrit la Mère de Chantal, il lui sembla que son mal était tombé sur ses pieds comme des écailles de lèpre ». (cf :françoisdesales.com – liberté et grâce)
De cette expérience , il restera marqué à vie. Il comprendra la bonté de Dieu, son projet d’appeler tous les hommes à partager sa gloire et la liberté de chacun de coopérer ou non à ce projet. Par la douceur et la bonté, il éveillera les âmes à s’ouvrir à Dieu avec confiance afin qu’elles puissent vivre éternellement de la vie de Dieu qui est en Jésus-Christ.
Guillaume Villatte, prêtre