Voilà un titre qui peut choquer certains ! En ce temps de l’Avent, est-ce bien le moment d’aborder ce thème ? Est-ce approprié de parler de sexualité, suite aux scandales des crimes et des abus commis par des prêtres et des laïcs ? Pourquoi ne pas accueillir la grâce du temps de l’Avent pour se demander si le Seigneur ne vient pas aussi « visiter » notre sexualité « pour la sauver » de ses limites et dérives ? Dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament, il n’y a pas de tabou sur la sexualité mais une longue et lente
transformation au contact du Dieu de l’Alliance.
Devant l’évolution des moeurs depuis plus de cinquante ans, chacun de nous a vu son rapport au corps et au sexe se transformer. La façon nouvelle de dénoncer les crimes et abus dans l’Église et dans la société nous conduit à continuer ce chemin de transformation et de conversion. Essayons de nommer quelques points de repères qui nous viennent de l’expérience liée à la révélation biblique.
Au contact du Dieu unique qui fait Alliance avec un peuple unique et l’appelle « son épouse »,
les israélites deviendront monogames au cours d’une évolution de plusieurs siècles et sans que cela ne soit jamais demandé par Dieu explicitement… Dans le Nouveau Testament est mis en lumière – au contact du Christ – la sainteté (la beauté) du mariage et de la sexualité (Jn 2, 1-11). Mais aussi une limite à la sexualité, elle n’est pas un « absolu » de l’Humanité. Il y a « le célibat pour le Royaume » (Mt 19, 11-12). Jésus évoque aussi qu’au paradis, il n’y aura pas d’expression sexuelle de l’amour (Mt 22, 29-30), car il n’y aura plus de mort… Jésus manifestera explicitement l’égalité de dignité entre les hommes et les femmes. (Mc 10, 1-12)
Mais peut-être le point le plus important est dans notre foi en l’incarnation : Jésus est vrai Dieu et vrai homme. La chair du Christ est le vrai « temple de Dieu » (Jn 2, 19-22) et, par la grâce du baptême et des autres sacrements, notre corps est sanctifié. St Paul dira « sanctifiez Dieu dans votre corps » en évoquant la façon de vivre la sexualité. Il ajoutera « ne savez-vous pas que votre corps est le temple de l’Esprit Saint ? » (I Cor 6, 14-20). Toujours dans ce prolongement de l’incarnation, Paul nous partagera la révélation d’un mystère (en latin on dirait un sacrement) : « parce que nous sommes les membres de son corps, comme dit l’Écriture : À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église. » (Eph 5, 30-33)
Si la culture contemporaine propose une expression sexuelle très libre et osons le dire, souvent licencieuse, elle porte aussi, en elle, un désir de liberté et de respect entre les sexes qui est très bon. Elle nous rappelle qu’à vouloir « trop contenir » la sexualité, nous risquons l’hypocrisie. Pour autant, notre relation avec le Fils de Dieu fait chair nous conduit à recevoir « d’En-Haut » une lumière et une grâce qui orientent notre sexualité et l’appellent à une plus grande beauté au service d’un amour fidèle. C’est là vraiment que la jouissance prend toute sa saveur et porte un fruit de vie pour le couple et la société…
Guillaume Villatte, † prêtre